REPORTAGES
Voyage naturaliste au Maroc en 2003 (Joël GAUTHIER)
Voyage naturaliste en Australie en 2005 (Laurenç Marsol)
Voyage naturaliste en Turquie
en 2005 (Benoît
MORAZE)
Voyage
vulcanologique en Sicile en 2006 (Joël GAUTHIER)
Reptiles et Amphibiens du Nord Ouest de Madagascar du 21/12/2014 au 04/01/2015 (Rémy EUDELINE)
Voyage en Afrique du SUD en 2002.
Texte et photos © Jean TROIN
Ce numéro (Extrait du bulletin n° 6
de Reptil'Var) est consacré en majeure partie
à l'Afrique du sud, pays qui, parmi tant d'autres sur ce continent, a compris l'importance
de la sauvegarde de sa faune et de sa flore.
En créant d'immenses réserves
naturelles, comme le Kruger National Park, des centres de recherches et de réintroduction
comme le Hoesdspruit Research and Breeding Centre, avec son Cheetah project, et
la préservation de certaines espèces en voie d'extinction (Wilddog,
Rhinocéros…), l'Afrique du sud a su développer un certain tourisme de safari
photos, culturel, voire pédagogique. Grand nombre de visiteurs locaux et
étrangers viennent dans ces réserves, pour être en contact direct avec ces
grands fauves, cette nature sauvage qui est si prenante et envoûtante au fur et
à mesure que vous la découvrez.
Mais une autre forme de tourisme se
développe. Aux côtés de ces grandes réserves, des "Games Farm"
(Fermes de chasse) offre à une certaine clientèle des terrains de chasse avec
du gros gibier…. C'est dans ces réserves où il est permis de tuer, que vous
pouvez, encadrés de rangers confirmés, vous prendre pour un héros à la
"Tartarin de Tarascon", pour abattre, moyennant des sommes assez
"rondelettes", Eléphants, Buffles, Gnous, ou autres espèces.
C'est un des paradoxes de ce pays.
Pendant que des individus, sans état d'âme, se font photographier devant le ou
les animaux qu'ils viennent de tuer, d'autres agissent. Ceux-là déploient toute
leur énergie pour préserver une faune fragile où fragilisée par les aléas de la
modernisation et ses conséquences (Pollution, réduction d'espaces verts….).
Cette faune est toujours la cible des braconniers travaillant à la solde de
trafiquants Européens ou Asiatiques.
Souvenirs
de Pretoria et du Mpumalanga
Ayant eu la chance de participer à un
voyage scolaire, au cours des dernières vacances de Pâques, j'ai pu visiter une
petite partie de cet immense pays qu'est l'Afrique du Sud.
Les premières impressions m'envahissent
dès la descende amorcée au dessus du Mozambique. A la lueur du jour naissant,
j'aperçois, à travers les hublots de l'avion, d'immenses étendues vertes,
jaunes, ocres dans les quelles je distingue, au travers d'une brume matinale,
des pistes et des fleuves. Un des mes collègues me dit que nous survolons la
réserve du "Kruger Park", une de nos destinations touristiques de la
deuxième semaine. De la végétation à perte de vue, des montagnes plus ou moins
hautes, des hauts plateaux plutôt arides, au loin une ville se dessine. Voilà,
nous descendons sur Johannesburg.
Premier contact avec le sol Africain…
Très "Américanisée" Johannesburg est la plus grande ville du pays
avec plus d'un million cinq cent mille habitants. Nous quittons la ville pour
nous diriger vers Pretoria, capitale politique du pays. Nous traversons les
hauts plateaux (1 500 mètres d'altitude), terrains d'élevages bovins où les
prairies s'étendent à perte de vue. Sur le ciel bleu azur, chargé de gros
nuages blancs, se décroche le monument aux "Voortrekkers" symbolisant
le grand trek que les fermiers hollandais ont réalisé à la fin du XIX Siècle.
Nous arrivons à Pretoria. Cette ville fût construite de toute pièce par les
fermiers hollandais qui installèrent leurs premières fermes au milieu de ce
haut plateau aride dépourvu de toute végétation ou presque. La ville est
entièrement plantée par la main de l'homme. Parcs, allées, jardins y sont
nombreux, très accueillants et très bien entretenus.
Le
plus beau d'entre eux reste bien sûr le parc zoologique national de Pretoria,
qu'il est vivement conseillé de visiter. Catalogue de tous les animaux
endémiques à l'Afrique du sud, comme les Springboks,
Waterbuck,
Widl dog, Blue
crane, Pingouins du cap, et autres Girafes.
Ce magnifique parc zoologique s'est
doté depuis juin 2000, d'une aile magnifique consacrée aux reptiles des
différents continents. Au fil de grands terrariums, on peut y voir des Boas,
Pythons, Mambas verts, Iguanes, Varans et Dragons de komodo. Deux bassins
extérieurs présentent des Crocodiles et des Caïmans, ainsi que des Tortues
aquatiques.
Du belvédère surplombant la fosse aux
Lions, une vue générale du parc et de Pretoria s'offre à vous. Tout au long du
parcours, une large palette de la flore locale balise votre promenade, Lys,
Iris, Strélizias géants, Arbres cactus, Jaracandas, Magnolias, Eucalyptus,
Palmiers bouteilles, Figuiers sauvages, dans les quels il est fréquent de voir
des myriades de Merles métalliques, de Pigeons, ou d'Ibis bruns.
Après quelques jours passés dans la
province du Gauteng (Pretoria, Johannesburg), nous partons vers le nord-est du
pays, dans la fabuleuse région du Mpumalanga. L'Afrique comme on en rêve, celle
des cartes postales des reportages télévisés est là et bien là…. Paysages
contradictoires : on passe du "bush" (Partie sèche et aride parsemée
de quelques arbres) à des forêts de grandes futaies, Pins et Eucalyptus,
parsemées de petits lacs, à des bananeraies, ou des prairies à perte de vue.
Première
visite programmée le "Cheetah Project" petite réserve naturelle où rangers
et scientifiques travaillent sur la reproduction et la réintroduction du
Guépard en milieu naturel. Dans cette réserve, les Guépards sont sous haute
surveillance, notamment dans les nurseries. Les petits Guépards sont souvent
attaqués par les Serpents. C'est pour cela que les clôtures sont électrifiées.
Deux autres animaux font partie de ce programme : le Lycaon et le Serval. La randonnée dans la réserve est assurée et
encadrée par un rangers. Un grand nombre d'animaux Rhinocéros, Eléphants,
Girafes, Gnous, étant en totale liberté, quelques précautions sont vivement
conseillées… Dans ce parc, une multitude d'oiseaux trouvent refuge, Vautours,
Grues cendrées, Marabouts, Blue cranes, Merles métalliques du cap, Calaos à bec
rouge ou à bec jaune…
Le lendemain matin à 6 heures nous
partons pour le parc Kruger. Il est conseillé d'arriver tôt le matin pour
espérer voir le maximum d'animaux avant les grosses chaleurs de la journée.
Nous y accédons par la porte Malelane, une des deux entrées sud. Joyaux parmi
les réserves animalières africaines, le parc est fidèle à sa renommée. Les
animaux du parc sont présents au rendez vous. Tout juste entrés, après trois
kilomètres de piste, une colonie de babouins, (100 à 150 individus) est là
devant nous sur le bitume, profitant des premiers rayons du soleil. Nous
poursuivons notre safari en roulant au pas, et comme des enfants devant des
vitrines de Noël, nous regardons à droite, à gauche, devant, derrière, au loin
dans la savane, pour apercevoir les animaux. Au fil des kilomètres sur des
pistes sauvages, nous rencontrons une multitude d'Impalas.
Nous assistons à des combats entre mâles qui se disputent les femelles, et le
troupeau.
Les
girafes sont trahies par leur taille. Elles se repèrent de loin. Au milieu de
cette savane elles promènent leur gracieuse silhouette, en s'arrêtant pour
brouter des branches d'Acacia épineux dont elles raffolent. Sur le bord des
pistes, des véhicules arrêtés, signes indéniables de la présence d'un ou
plusieurs animaux à ne pas éviter. C'est ainsi que l'information sur la
présence de tel ou tel animal circule. Nous avons eu la chance de voir ainsi un
couple de Lions se prélassant à l'ombre d'un arbre, un troupeau de Buffles
partant pour la rivière, et trois Rhinocéros broutant dans une clairière. Mais parfois aucun signe de présence
ne laisse prévoir l'arrivée d'un fauve. C'est bien au beau milieu de la piste
qu'un jeune Eléphant d'une quinzaine d'années a décidé de se promener. Nez à
nez avec cette bête, il est préférable de se faire tout petit. Le territoire
sur le quel nous nous trouvons lui appartient. Après quelques intimidations de
sa part : barrissements, grands coups de trompe, semblant de charge…, nous
reculons et lui montrons qu'il est vraiment le plus fort. Se sentant ainsi
supérieur et non menacé, il continue son chemin dans la brousse, nous laissant,
à notre grand soulagement, la voie libre.
Des pistes longeant la rivière Sabie
ou la Crocodile river, aux mares où se prélassent des Hippopotames, nous
continuons notre périple. Nous remontons vers le centre du parc, pour le camp
de Satara où nous passerons la nuit. Sur la route qui nous mène au camp, un
attroupement de véhicules en contrebas de la route. Nous ralentissons, et à
notre grand émerveillement, nous apercevons dans les branches d'un arbre un
magnifique Guépard se reposant aux côtés d'une de ses proies fraîchement
découpée. C'est fait …. Nous avons l'énorme change d'avoir pu voir en une seule
journée les " Big Five
" d'Afrique.
L'activité nocturne animalière est
tout à fait autre chose. A la nuit tombée, le camp devient le théâtre d'un
vaste concert de Grillons, de toutes espèces d'Insectes nocturnes virevoltant
dans la clarté des lampadaires. De temps à autre, l'air est pourfendu par la
course effrénée des Chauves souris, dans les arbres, le chant strident de
certains Oiseaux participe à cette féerie. Nous avons opté pour un safari
nocturne accompagné d'un rangers. Le départ est fixé à 4.30 heures le lendemain
matin. Nous sommes prêts pour voir les prédateurs nocturnes. La
nuit et l'orée du jour sont le domaine d'une toute autre faune. Après quelques
conseils donnés par le rangers nous partons à travers la savane. Dans la lueur
de nos torches nous apercevons le premier des occupants d'un arbre dénudé et
très respecté dans toute l'Afrique, un Marabout, qui semble posé là, solitaire
comme une vigie. Au loin sur les bas-côtés de la route une multitude d'yeux réfléchissent
la lumière de nos torches. Nous approchons et croisons une horde d’Hyènes
tachetées, où les plus petits sont bien protégés par leurs mères.
Plus loin devant nous, un Chacal à
chabraque (Dos cendré) se faufile à travers les herbes hautes. Au détour d'une
piste, le rangers nous montre un animal rare et en voie de disparition : le Chat
sauvage africain. Il est malheureusement sujet à des croisements avec d'autres
Chats domestiques relâchés dans la nature. Nous continuons notre périple, et
les premières lueurs du soleil créent un spectacle merveilleux avec la brume
matinale qui se lève au dessus de la savane. Sur notre route, des branches
fraîchement coupées. Elles trahissent la présence toute proche d'un magnifique
Eléphant qui se restaure en menant à mal le feuillage d'un arbre. Nous faisons
une halte repos non loin d'un baobab. Le rangers nous demande de ne pas trop
nous éloigner du véhicule. On ne sait jamais, d'autant plus qu'au même moment
monte un rugissement très reconnaissable dans la forêt toute proche. Nous
croisons des gens qui nous signalent la présence d'un groupe de Lions à environ
2 kilomètres. Nous nous y rendons. Spectacle magnifique ! Dans les herbes
hautes, un groupe de huit Lions. Le mâle nous regarde et nous maintient à
distance. Cette image impose le respect. Le roi des animaux est majestueux, sa
tribu est composée de deux femelles. Nous pouvons entrevoir des jeunes.
Sur le chemin de retour vers le camp,
nous apercevons des troupeaux de Gnous, de Zèbres, de Buffles, trois énormes
Rhinocéros et une vingtaine de Girafes. A la fraîcheur du matin, les grands herbivores
reprennent possession des lieux. Ainsi va la vie dans cette partie de la
planète.
Retour
au camp. Nous avons la tête pleine de nouvelles et belles images. Dans la matinée,
nous partons en direction du centre du parc. Nous longeons la rivière Oliphant,
calme et paisible cours d'eau formant de magnifiques canyons avec des falaises
abruptes, offrant une vue dégagée à 360° et laissant deviner au loin le
Mozambique limitrophe. Il est possible d'y apercevoir des Hippopotames, et
comme son nom l'indique, des Eléphants. Sur notre chemin, nous apercevons, un
nombre important de Girafes. Elles se promènent, broutant, sans prêter
attention aux importuns que nous sommes. Nous approchons du camp de Satara.
Nous y faisons une halte, une impressionnante sculpture représentant un
Eléphant nous accueille. Dans une grande case, une salle d'exposition sur la
vie de ces pachydermes. Nous pouvons y voir des fœtus d'Eléphants, un cœur, un écorché
synthétique, le système auditif, respiratoire, cérébral et plantaire. De
grandes fiches techniques sur les plus grands mâles ayant vécu ou vivant
toujours à l'intérieur du parc, des défenses de certains d'entre eux. Des
photos des hordes, des cartes retraçant les zones parcourues par ces familles.
On peut y voir aussi les dégâts occasionnés par les braconniers qui n'hésitent
pas à venir chasser à l'intérieur même du parc. Les autorités locales, rangers
et scientifiques déploient le maximum de surveillance pour protéger ces animaux
(Repérage aérien, comptage réguliers...).
La fin du séjour dans le parc est
proche. Nous nous dirigeons vers la porte de Phalaborwa. Comme pour nous
signifier qu'il nous manquait encore beaucoup d'animaux à découvrir, une Tortue
à trois bosses fit une apparition sur le bord d'une piste, et plus loin une
Tortue léopard (Geochelone
pardalis) traversait nonchalamment
devant les roues de notre voiture.
Ce
petit compte rendu n'est qu'un concentré de ce que j'ai pu admirer dans ce
magnifique pays. Mais les odeurs, les couleurs, les chants, les paysages, les
reflets changeants du ciel, sont envoûtants. J'ai, je l'espère, par ces
quelques mots, essayé de vous faire partager ces sentiments que chacun peut
ressentir. Mais cette nature cette vie sauvage est très fragile. Des hommes
s'emploient à la sauvegarder, d'autres à la détruire. L'enjeu est inégal.
Springboks : Antilopes à la
robe feu, ventre blanc et flan marqué par un travers noir, un des emblèmes de
l'Afrique du sud.
Waterbuck
: Grosse antilope à la robe gris clair et le postérieur marqué par un
cercle blanc. Elle vit dans la savane arborée à proximité des points d'eau.
Widl dog :
Littéralement traduit "chien sauvage", il est connu en Français sous
le nom de lycaon. Ce chien sauvage originaire d'Afrique vit en meute. Il est
malheureusement en voie de disparition.
Blue
crane : Oiseau échassier, insectivore, emblématique de l'Afrique du sud,
plumage blanc légèrement bleuté, et crane bleu noir. Il a du mal à se
reproduire .Son premier ennemi le D.D.T. qu'il ingère en se nourrissant
d'insectes.
Impala : Petite
antilope à la robe feu, très présente dans toutes les réserves.
Big Five :
Les cinq grands fauves: le lion, l'éléphant, le buffle, le rhinocéros, le
guépard, il est très rare de rencontré ce dernier.
Serval : Animal
de la famille des félins, au pelage jaune crème, ligné et tacheté de noir.
Bibliographie
:
Ian Sinclair
& Douglas Goode, 1995. Birds of Prey of Southern Africa. Ed. Struik pocket
guide, 64 p.
Erik
Holm and Elbie de Meillon, 1995. Insects of Southern Africa. Ed.
Struik pocket guide, 64 p.
Bill Branch,
1993. Southern
African Snakes and other Reptiles. A Photographic Guide. Ed.
Struik, 144 p.
Bill Branch, 2000.
Everyone’s guide to Snakes other Reptiles and Amphibians of Southern Africa.
Ed. Struik, 112 p.
Wilf Nussey, 1997. Majestic
South Africa. Ed. Central News Agency, 144 p.