REPORTAGES

 

Voyage en Afrique du SUD en 2002 (Jean TROIN)

 

Voyage naturaliste au Maroc en 2003 (Joël GAUTHIER)

 

Voyage naturaliste en Turquie en 2005 (Benoît MORAZE)

 

Voyage vulcanologique en Sicile en 2006 (Joël GAUTHIER)

 

 

Reptiles et Amphibiens observés lors d’un voyage naturaliste en Australie.

(Du 9 octobre au 7 novembre 2005).

 

 

Texte et photos © Laurenç MARSOL

 

 

Ce voyage, organisé sur une période d’un mois, avait pour but pour deux agents des corps de fonctionnaires des Eaux et Forêts (Laurent GAILLARD et Laurenç MARSOL) de rencontrer des collègues australiens gérant eux aussi des écosystèmes en climat à forte composante méditerranéenne avec des problématiques semblables (biodiversité, incendies des espaces naturels, introductions d’espèces allochtones, surpopulation humaine).

 

Après trois autres voyages en Californie, dans la région du Cap en Afrique du Sud, au Chili central, c’est donc une des deux zones méditerranéennes australiennes (celle du sud-est) qui a fait l’objet de notre intérêt, ainsi que de prospections concernant plus particulièrement les Reptiles ou les Amphibiens, ainsi que les mares temporaires.

 

Le périple nous a donc amené à parcourir 6000 Km (aller) entre Melbourne, Adelaide, Coober Pedy et Alice Springs, entre l’extrême côte sud et le « centre rouge ».

 

 

Introduction au pays

 

L’Australie est une grande île de 7,7 millions de km2 en comptant la Tasmanie (14 fois la superficie de la France). Les langues parlées sont l’Anglais, ainsi qu’environ 20 langues aborigènes survivantes de plus de 200 idiomes d’avant l’arrivée des Européens. En l’an 2000, la population était estimée à 19,1 millions (la France compte 62 millions d’habitants).

 

Les conditions climatiques diffèrent selon la latitude, équatoriale et tropicale humide au nord, aride et chaud au centre et tempérées au sud, où le relief apporte en plus, des différences climatiques contrastées.

 

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L’Australie est le plus plat des continents (environ 275 mètres en moyenne), le sommet le plus élevé est le mont Kosciuszko qui atteint 2228 mètres, et les géologues pensent que la partie ouest du pays, le bouclier australien,  est la formation terrestre la plus ancienne au monde.

 

Les paysages varient en s’étirant par de vastes déserts sablonneux et pierreux, de hauts plateaux à l’ouest et au centre, d’immenses plaines et plateaux, ou une riche faune et flore habitent ces différents habitats. Le littoral à l’est présente de larges plages de sable, et une végétation luxuriante derrière lesquelles se cachent à l’ouest de Sydney, la longue chaîne montagneuse Great Dividing Range, et les Montagnes Bleues.

 

Introduction au voyage

 

Ce voyage a consisté en un cabotage entre différents parcs nationaux depuis la zone tempérée à affinité méditerranéenne, puis méditerranéen aride en montant vers le nord, puis tropical désertique pour arriver dans la zone tropicale sèche avec les quelques reliefs du « centre rouge ».

 

Les saisons étant inversées par rapport à l’hémisphère nord, les mois d’octobre – novembre correspondent au début du printemps en zone méditerranéenne, ce qui nous a valu quelques jours de pluie avec des températures encore relativement fraîches. En zone désertique (près de Coober Pedy), nous eûmes la chance d’arriver après un épisode pluvieux, nous permettant de voir la zone désertique sous un jour inhabituel, parsemée de mares temporaires en eau, tandis que la zone tropicale avait elle aussi bénéficié de pluies, le tout avec des températures caniculaires.

 

Les créneaux d’observation des Reptiles et Amphibiens se sont donc révélés rares au sud (pendant les éclaircies, durant les quelques minutes d’insolation, quelques reptiles à peine sortis d’hibernation montraient leur museau)… et plus facile au nord, où des Batraciens s’étaient reproduits dans des points d’eau, et les reptiles étaient observables aux premières heures de la journée, moins chaudes.

 

Résumé du séjour

 

11 et 12 octobre 2005

 

Arrivés à l’aéroport de Melbourne le 11 au matin, nous empruntons la « Great Ocean Road » qui longe la côte de l’état de Victoria pour traverser deux parcs nationaux : l’Otway national park et le Port Campbell national park.

 

 

L’Otway N.P. bénéficie d’un microclimat très humide et protège une forêt tempérée pluvieuse à base d’ash (très grands Eucalyptus), myrtle beech (Hêtre austral : Nothofagus cunninghamii) avec un sous-bois de fougères arborescentes. Le temps frais et l’ombre qu’il règne sous ce type de peuplement ne sont pas propice aux rencontres herpétologiques…

 

 

Quant au Port Campbell N.P. (parc côtier et marin), un vent froid venant de l’océan maintient les reptiles dans leur léthargie, mais ne nous empêche pas de réaliser des clichés de koalas.

 

 

13 octobre 2005

 

Nous quittons la côte pour nous diriger à l’intérieur des terres vers un parc national qui marque l’extrémité ouest de la chaîne montagneuse des Alpes australiennes : le Grampians (Gariwerd) national park. Dans ce parc sont présents des kangourous gris de l’est, des wallabies, des opossums, etc.…

 

Nos premières rencontres avec le shingleback lizard (Trachydosaurus rugosus) nous apprennent que celui-ci passe la plupart de son temps à se prélasser sur les pistes ou les routes, payant un lourd tribut à la circulation routière. Ce lézard d’une trentaine de centimètres, a de grosses écailles imbriquées et tire une langue bleue aux importuns qui le dérangent sans jamais chercher à mordre !

 

 

Ce parc situé en moyenne montagne méditerranéenne, nous permet d’apprendre par les forestiers du Victoria Parks que si l’incendie (feu non contrôlé) peut être un facteur d’élimination d’espèces lentes à fuir comme les koalas ou les reptiles, les brûlages dirigés hivernaux sont au contraire un instrument de gestion de la biodiversité en régénérant les écosystèmes forestiers vieillissants et en entretenant les milieux ouverts. Et le feu se révèle aussi un allié précieux lors des feux tactiques et contre-feux que mènent les forestiers pour combattre les incendies en libre progression l’été lorsque le premier point d’eau est à des dizaines de kilomètres.

 

Toujours sur les pistes du Grampians N.P. nous surprenons une Tortue à cou de serpent de l’est (Chelodina longicolis) en vadrouille entre deux mares temporaires méditerranéennes… Le cou, aussi long que la dossière, accentue encore le côté « Serpent à carapace » de l’animal, qui, une fois dérangé, replie cet encombrant organe dans un plan horizontal contrairement aux tortues européennes.

 

Plus en altitude, sur un affleurement rocheux au milieu de la forêt de « stryngibark » (Eucalyptus à écorce épaisse et fibreuse), un gecko (Gehyra variegata) est découvert sous des pierres plates, mais malgré nos précautions il auto ampute sa queue qui continue à remuer pour détourner notre attention.

 

Sur un point haut, près de la tour de guet contre les incendies de Reed, nous trouvons un petit lézard (que nous n’arrivons pas à identifier) qui se réchauffe au soleil.

 

 

14 octobre 2005

 

En quittant les montagnes vers le nord, nous progressons dans une plaine sableuse parsemée de lacs salés. Le climat, de type méditerranéen semi-aride, est encore accentué par le sol très drainant, ce qui vaut le nom de « Little Desert » au parc national qui protège les 132 000 hectares de ce milieu particulier, ainsi que le macropode (oiseau bâtissant un nid à fermentation), les émeus, les kookaburras, opossums, poules sultanes, « shingleback lizard » et autres kangourous. Une forêt lâche du type « mallee » (Eucalyptus à plusieurs troncs en cépées naturelles) est présente avec une strate herbacée importante à graminée épineuse spinifex. Le parc est bordé par la superbe rivière Wimmera et possède quelques belles mares temporaires méditerranéennes, malheureusement sans reproduction d’Amphibiens à cette époque précoce. Au milieu de cet univers plat sec, un éperon rocheux se dresse recouvert par une forêt de cyprès (Callitris), Eucalyptus mallee, ainsi que « sheoak » ou filao (Casuarina). Ce promontoire constitue un petit parc : le Mount Arapiles (Tooan) state park.

 

Sur une des nombreuses pistes D.F.C.I. du parc national, nous trouvons un gros lézard rayé d’environ quarante centimètres appelé « Western Bluetongue » pour sa faculté à tirer lui aussi une langue bleue à ses agresseurs.

 

 

15 & 16 octobre 2005

 

Nous rejoignons la côte sud de l’Australie Méridionale où le Coorong national park protège les plages, le lido sableux ainsi que les étangs côtiers en retrait sur cent-quarante kilomètres. De très belles populations d’oiseaux aquatiques sont présents, tels les pélicans, sternes et autres mouettes. Au niveau des reptiles, une très belle population de shingleback lizard (Trachydosaurus rugosus) peut être observée, notamment avec des individus mélaniques entièrement noirs.

 

17 & 18 octobre 2005

 

Après avoir remonté la côte jusqu’à la péninsule de Fleurieu, nous nous embarquons vers Kangaroo Island où le tiers de cette île de cent quatre-vingts kilomètres est protégé par plusieurs réglementations. La toponymie de toute cette partie de la côte a été conservée telle que décrite par le capitaine BAUDIN, arrivé quelques jours après COOK sur les côtes australiennes. L’île est riche en kangourous (avec une sous-espèce endémique assez envahissante dans le camping du Flinders Chase national park !), wallabies, ornithorynques, oies, opossums, koalas, échidnés, otaries de Nelle-Zélande, oiseaux… L’herpétofaune est elle aussi très riche puisque de nombreux reptiles sont observés.

 

Les Amphibiens sont aussi bien présents puisque des stridulations empêchant toute conversation se font entendre près d’un point d’eau à ornithorynques. Nous mettrons une bonne heure après avoir cherché les grenouilles dans les arbustes, les plantes aquatiques, etc.… à nous apercevoir qu’elles chantent au fond d’un petit conduit creusé dans la boue de la berge. Il s’agit du « southern toadlet », Pseudophryne semimarmorata.

 

Les reptiles ne sont pas en reste, puisqu’on peut apercevoir de gros varans de plus d’un mètre de long sur le bord des pistes de l’aire de protection de la nature de la rivière de l’ouest qui se font une spécialité de dévorer les cadavres de kangourous ou de wallabies tués par les voitures. Bien souvent, ils succombent eux aussi à un chauffard dès qu’ils se risquent au milieu de la route, et les cadavres en attirent toujours plus. Ce varan, appelé localement « Heath goanna » (Varanus rosembergi) se retrouve aussi dans le maquis de la Ravine des Casoars wilderness protection area.

 

 

19 & 20 octobre 2005

 

De retour de Kangaroo Island, nous repartons vers le nord via Adelaide, en longeant le golfe de Spencer. Un petit parc collinéen, le Mount Remarkable national park, nous fournit une halte où des émeus, des kangourous roux et divers oiseaux dont des perruches et cacatoès peuvent être observés sans mal.

 

21, 22 & 23 octobre 2005

 

Dernière escale avant un climat plus aride, le Flinders Ranges N.P. est constitué pour partie par une formation géologique particulière : un synclinal perché. Il s’agit d’une « assiette géante » de couches de quartzite et de grès de dix kilomètres de diamètre d’un seul tenant posée sur une plaine sableuse. Cette espèce de barque échouée n’ayant pas de sortie pour les eaux de pluie, son point le plus bas, au centre, recèle un lac entouré de marais. Le reste du parc est tout aussi impressionnant, puisque de nombreuses gorges, vallées et une large plaine composent les cent milles hectares du parc. De nombreuses espèces y vivent : émeus, kangourous, perruches et cacatoès, mais aussi des reptiles, tels le commun « Shingleback lizard ».

 

Toujours sur les pistes (merci aux forestiers !), nous trouvons en plaine un « Common bluetongue » (Tiliqua scincoides) assez coopératif pour nous montrer sans langue sans trop se faire prier.

 

 

L’escalade d’un des bords du synclinal se fait dans un brouillard assez épais, ce qui maintien une fraîcheur peu favorable à l’observation des reptiles. A la faveur d’une éclaircie, tout à coup, nous nous apercevons que les falaises au milieu desquelles serpente le sentier regorgent de lézards.

 

Pendant tout au plus une demi-heure, plusieurs espèces peuvent être observées, dont certaines ne figurent pas sur notre livre de reconnaissance… Le retour d’un temps couvert fait disparaître tout ce petit monde dans les anfractuosités des roches.

 

Nous reconnaissons néanmoins une espèce voisine du lézard barbu, que nous identifions comme Pogona minor, le « Dwarf bearded dragon », espèce peu farouche se laissant photographier sans trop de mal.

 

 

Une autre espèce vit en sa compagnie sans que nous ne puissions la déterminer.

 

 

24, 25 & 26 octobre 2005

 

Nous quittons la zone méditerranéenne vers le nord, où le climat est « en théorie » désertique et chaud. C’est pourtant un désert trempé par plusieurs jours de pluie que nous trouvons : des centaines de mares temporaires en eau (avec de belles populations de macro-crustacés, mais sans aucun adulte d’Amphibiens, même si des têtards sont présents), un tapis de plantules en train de germer, des températures plutôt fraîches…

 

En passant dans le Territoire du Nord, le « centre rouge » se présente à nous : une étendue plate de sable avec des teintes du rose à l’orangé d’où émergent quelques rares reliefs tels les monolithes d’Uluru (Ayers Rock) ou de Kata Tjuta (The Olgas), ou la mesa du Mount Conner.

 

Les paysages emblématiques de l’Uluru-Kata Tjuta national park, connus mondialement, se révèlent décevant pour la faune, puisque très peu d’espèces peuvent être observées facilement, d’une part à cause de la fréquentation massive par les touristes, et d’autre part en raison des interdits religieux (récents au dire de certains Australiens blancs !) fixés par les aborigènes qui gèrent le parc.

 

Ici aussi, les pistes et les routes concentrent de nombreuses espèces de Reptiles en phase d’insolation, tel le « Central netted dragon » (Ctenophorus nuchalis).

 

 

Une déception toutefois : malgré nos recherches et les conseils avisés des park rangers, nous n’arrivons pas à trouver le moloch ou « Thorny devil » (Moloch horridus), pourtant réputé courant près des fourmilières en milieu sableux.

 

Près du campement, nous remarquons un lézard arboricole à distance de fuite assez courte et pour cause : débusqué des branches, il se laisse tomber sur le sol où il est capable de fuir très rapidement en se dressant sur ses pattes arrières. Il s’agit vraisemblablement d’un lézard du genre Diporiphora appelé localement « Two-lined dragon ».

 

 

Une sortie de nuit nous fait découvrir un gecko terrestre qui chasse les petits insectes attirés par les lampadaires d’un sentier de découverte.

 

 

27 & 28 octobre 2005

 

A quatre-vingts kilomètres au nord, le Watarrka national park est constitué par un massif de collines (La George-Gill  Range) percées de canyons dont le splendide Kings Canyon, véritable oasis au milieu de zones arides. Des Amphibiens se reproduisent et tous les stades depuis les têtards jusqu’aux adultes sont visibles dans les cours d’eau au fond des canyons. Ainsi, la famille des Hylidae est représentée par l’endémique  « Central tree frog », Litoria gilleni.

 

 

Un autre batracien est présent dans le même canyon, mais malgré les panneaux annonçant la présence de Litoria rubella (« Desert Tree Frog »), il ne semble pas que ce soit cette rainette.

 

 

Sur le plateau sommital gréseux, un lézard vraisemblablement du genre Ctenophorus chasse activement les mouches qui se posent.

 

 

29 octobre 2005

 

À soixante et dix kilomètres à l’est, la rivière Finke entaille un plateau aride d’un canyon riche en espèces rares marquées par le besoin d’eau important (Le palmier Livistonia mariae, Macrozammia macdonnellensis …). De nombreux têtards d’au moins trois espèces sont visibles dans les mares temporaires ou les trous d’eau du Finke Gorge national park sans qu’aucun adulte ne soit visible.

 

30 & 31 octobre 2005

 

Vingt kilomètres plus au nord une chaîne de montagnes accroche les nuages et bénéficie donc d’un climat un peu plus humide permettant la croissance d’arbres un peu plus hauts que ceux de la savane environnante. Le West MacDonnell national park protège cette zone intéressante.

 

Au Glen Helen Lodge, les propriétaires nourrissent un « Perentie varan » (Varanus giganteus) d’une taille respectable (Près de deux mètres). Sitôt le repas avalé de bon matin (restes de viande du restaurant), celui-ci dort en plein soleil jusqu’à ce que les rayons du soleil soient trop forts.

 

 

Dans l’Ormiston Gorge où coule la Finke River, nous retrouvons le « Two-lined dragon » (Diporiphora sp.).

 

 

1er novembre 2005

 

Après avoir pris l’avion d’Alice Springs à Melbourne, nous montons dans les Alpes australiennes à l’est de Melbourne pour découvrir les paysages de montagne. Au-delà de mille cinq cents mètres d’altitude, la forêt d’Eucalyptus des neiges laisse la place à une lande avec des affleurements de granites. Un lézard de type « Skink » capte les quelques rayons de soleil sur un rocher malgré la température assez fraîche (Neige trois jours auparavant).

 

 

2, 3 & 4 novembre 2005

 

De retour sur la côte au sud-est de Melbourne, le Wilson Promontory national park est un espace naturel protégé sur une presqu’île avec des milieux aussi variés que des forêts sèches, des forêts pluvieuses chaudes (où nous avons rencontré l’ « eastern tiger snake »), fonds marins, et même une mangrove à Avicennia marina en conditions climatiques méditerranéenne ! Les animaux sont nombreux et peu farouches : kangourous, wallabies, wombats, perruches, oiseaux de mer…

 

Dans la forêt pluvieuse thermophile à « lilly-pilly » (Acmena smithii), un lézard appelé lui aussi « skink » par les locaux est présent, cherchant les moindres taches de lumière dans un sous-bois pourtant bien obscur.

 

5 novembre 2005

 

Notre voyage se termine par un parc périurbain de Melbourne : le Dandenong N.P. est plus proche d’un parc paysager qu’une d’une forêt naturelle, bien que recélant quelques reliques de forêt pluvieuse à fougères arborescentes Dicksonia.

 

 

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